L’empreinte des Vilmorin sur Verrières-le-Buisson

Philippe André de Vilmorin (1776-1862) installa sa famille en 1815 dans un château situé en lisière du Bois de Verrières, qui sera sensiblement réaménagé au cours du XXème siècle.

Du parc à la française inspiré des réalisations de Le Nôtre, il ne reste qu’une partie dont l’allée des tilleuls, les quinconces des marronniers et des charmilles, en raison des aménagements qui y furent progressivement apportés (dont un magnifique arboretum).

 

 

Six générations de Vilmorin se sont succédé depuis l’origine de la « maison » située au cœur de Paris, quai de la Mégisserie. C’est sous l’impulsion de Philippe-Victoire (1746-1804), passionné de médecine et de botanique, qui épousa la fille de Pierre Andrieux, grainier et botaniste de Louis XV, que la maison de commerce prit en 1775 le nom de VILMORIN-ANDRIEUX. Chaque génération a apporté une contribution très féconde à la botanique, l’amélioration des plantes et l’introduction de nouvelles espèces.

C’est ainsi que l’entreprise fut chargée par la société d’Agriculture de Paris d’une collection de pommes de terre, de la perpétuer et de la développer à Verrières à partir de 1815. C’est à verrières également que Louis (1816-1860) fit des recherches célèbres sur l’amélioration de la betterave sucrière et que fut énoncé, pour la première fois en 1856 le principe de la sélection généalogique. Son fils Henry (1834-1899) fut connu essentiellement pour ses travaux sur le croisement, la sélection et la culture du blé.

 

L’entreprise, dont les cultures s’étendaient sur près de 100 hectares (environ 20% de la superficie de Verrières, sans compter le bois), employait plus de 200 personnes dans les années 1920, alors que Verrières ne comptait à l’époque qu’environ 1700 habitants.

Les cèdres du Liban, les chênes d’Amérique, les pins de Calabre et autres essences rares, rapportées de contrées lointaines pat Philippe André au XIXème siècle, puis ultérieurement par ses successeurs, ont contribué à valoriser le patrimoine vert de Verrières, riche déjà de son Bois et des parcs de ses grandes propriétés.

Un exceptionnel arboretum est donc créé dont la partie publique, acquise par la municipalité en 1976 ; fait partie de la Réserve naturelle régionale Roger de Vilmorin ; grâce également au Centre Culturel André Malraux installé à proximité immédiate de château dans les anciens locaux techniques de l’entreprise.

En 1966, suite à des changements chez les actionnaires, l’entreprise quitta Verrières pour s’établir en Anjou et céda ainsi la place au développement urbain. Une partie de la famille, maintenant dissociée de la société VILMORIN-ANDRIEUX, réside toujours au château.

Ce château déjà fréquenté par de nombreuses ambassades au début du XXème siècle, en raison de l’influence mondiale exercée par la famille pour ses travaux dans le domaine de l’agriculture et de l’horticulture, devait connaître son apogée avec le salon qu’y tint Louise de Vilmorin de 1944 à sa mort en 1969.

 

Louise est née à Verrières-le Buisson le 4 avril 1902. Elle y passe une enfance heureuse entourée de sa sœur « Mapie » (future comtesse Marie-Pierre de Toulouse-Lautrec) et de ses quatre frères : Roger, Olivier, André et Henry.

Mariée à Henry Leigh-Hunt en 1925, elle partit pour Las Vegas d’où elle revient en 1932 ; trois filles naquirent de cette union. Elle rencontre alors André Malraux qui la pousse à écrire dès 1932. Elle s’installe à Verrières en 1935. Mariée en 1937 avec Pàl Pàlffy, comte de Pétersbourg, dont elle divorça en 1943, elle séjourne six années en Slovaquie puis à Budapest.

« Sainte Unefois » son premier roman, est paru en 1934. Ses œuvres « Le lit à colonnes », « Madame de » et « Juliette » furent portés à l’écran. Elle écrivit le dialogue des « Amants » pour Louis Malle.

Romancière, poétesse, journaliste, son influence fut telle que de nombreux personnages parmi les plus célèbres, ont franchi le portail du château. Telle Madame de Rambouillet, elle a su réunir autour d’elle dans son fameux « salon bleu » des peintres, des écrivains, des acteurs, des cinéastes, des politiques, des diplomates, parmi lesquels on relèvera : Louis Malle, Jeanne Moreau, Jean Cocteau, Diane et Duff Cooper, Gaston Palewski, Marcel Achard, Marcel Jouhandeau, Jean Chalon, François Truffaut, Gaston Gallimard, Roger Nimier, Jean Hugo et Orson Welles.

Parmi ses illustres invités, une place particulière fut réservée à André Malraux, qui vint même habiter le château de 1969 à sa mort en 1976.
Louise s’éteignit le 2 décembre 1969 d’une crise cardiaque et repose, selon son souhait dans le parc du château au pied d’un cerisier.